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lundi, 31 octobre 2011

Exposition Martin Miguel – Raphaël Monticelli Du 21 octobre au 19 novembre 2011 à la galerie Quadrige à Nice (06)

Des couleurs, un bonheur, en béton à la Galerie Quadrige à Nice*

martin 5.jpgCelui qui écrit ces lignes n’est pas un critique d’art, mais un simple passant émerveillé, une sorte de Paysan de Paris, dont les yeux auraient été arrêtés par une vitrine, et qui aurait poussé une porte lumineuse et mystérieuse.

L’aventure qui s’offre à nos yeux tient dans la présentation de l’exposition : Martin Miguel nous offre « une feuille de béton » sur un texte de Raphaël Monticelli.

La phrase se révèle sobre et délirante à la fois.

« Feuille », « Texte », on comprend. Feuille de béton ??? Qu’est-ce à dire ?

 Martin Miguel aime le béton, depuis longtemps. Pour lui la peinture doit devenir plastique, gagner en épaisseur, la toile doit être expansée, pour déborder tous les cadres établis. Le béton est la matière qui donne de la densité à la feuille ; dans cette opération il acquiert en retour une étonnante légèreté et devient source de création et d’interrogations, de percées noires et de floraisons radieuses.

 Ecoutons Raphaël Monticelli : « imaginer faire un livre, des livres, avec un artiste qui travaille le béton, même s’il se dit peintre avant tout, et peintre avec ses bétons mêmes, semble être une drôle d’idée, c’est en tous cas une belle gageure. Mais la balle était plutôt dans le camp de Martin Miguel que dans le mien, et j’attendais, perplexe et impatient, de voir comment il transformerait l’essai ».

 En fait la balle a circulé, bel et bien. Les textes de Raphaël Monticelli ont été écrits à l’envers, le béton a été coulé sur eux. En émergent des bribes faites de rondeurs et offertes comme éclats de clarté, comme amorces de départs. « Tu » « Pas.. » « Mor… » les mots sombrent dans la splendeur des lisières, et il revient au lecteur de ces mystérieuses toiles d’imaginer des fins de paroles, des débuts de textes.

 Et l’accouchement se fera dans la couleur. Au centre de chaque feuille de béton, un trou, une béance. Le vide et l’attrait des origines, de l’origine du monde. Ce vide est ciselé par la suie, le noir qui ronge comme lèvres de volcans. Le chemin pourrait être mortifère. Martin Miguel le sait bien qui affirme vouloir « lutter contre la force symbolique du noir ». Le contrepoint s’installe dans du bleu, du rouge et jaune. Le peintre précise : « la couleur est l’outil de sa propre mise en forme ». Quand on découvre l’exposition ces mots prennent la force de l’évidence. Evider et donner aux couleurs les forces de l’expansion, de l’irradié, de la dilatation heureuse. On se promène d’une feuille l’autre avec le sentiment de découvrir un épanouissement floral qui rassérène nos pupilles,  à chaque pas, intensément. Poussées par la gamme des tons, les formes naissent dans la sérénité. Les traits qui pourraient se présenter comme  risque de séparation deviennent ici attraits, désirs de proximité.

Laissons une nouvelle fois la parole à Raphaël Monticelli, elle s’offre comme une  découverte heureuse, elle dit ce qui se noue dans une création qui ne peut que tonifier notre regard terni par la grisaille des jours et du quotidien. « Pour dire le travail de Miguel, nous devons croiser le vocabulaire des bâtisseurs et celui des artistes ; mais nous sommes obligés de donner à chacun de ces mots un sens nouveau ; en cela l’œuvre de Miguel est source de poésie : elle crée, à l’intérieur de nos discours habituels, des trouées, des absences ou des pertes, que nous devons apprendre à combler ».

* Galerie Quadrige, 14, rue Pauliani, 06000 Nice. Tel : 04 93 87 74 40,

e-mail : contact@galerie-quadrige.com

 

 Yves ughes.  

 

 

 

 

 

Mouans-Sartoux - Le samedi 8 octobre 2011, nos ami(e)s ont présenté des auteurs à l'aquarium (2)

Belle rencontre au dernier festival de Mouans-Sartoux avec un livre et son  auteure : Banquises de Valentine Gobypublié aux éditions Albin Michel; après une enfance et une adolesence grassoises, elle a parcouru le monde, écrit sur des lieux et des époques , romans, docu-fictions, pour les grands et les petits. Elle a été  publiée chez Gallimard et maintenant chez Albin Michel.

 

 Banquises raconte l’histoire d’une disparition, celle de Sarah  qui en 1982 a quitté la France pour Ummanaq au Groenland. Elle est montée dans un avion qui l’emportait vers la calotte glaciaire. Sa famille ne l’a jamais revue. Elle a disparu, corps et âme. Elle avait 22 ans. Lisa, sa sœur cadette, vingt-sept ans plus tard, part sur ses traces  et raconte d’abord la difficulté à se construire en marge d’un fantôme . D’autres voix se font entendre pour dire également leur douleur, si proche de la folie parfois : celle de la mère, celle du père.

Le récit saute des années 60  à 2010 et touche à des thèmes de société très contemporains qui nous concernent par leur proximité ;il nous alerte aussi sur le drame d’ une terre plus lointaine et de ses habitants, là où la banquise rétrécit, suite au réchauffement climatique  A parcourir avec Lisa les derniers lieux où sa sœur se serait rendue, nous découvrons par des  descriptions précises de paysages et d’activités ce grand Nord méconnu dont la lumière scintillante est peut-être celle de la vérité.

Descriptions, dialogues , monologues, variété de tons, de styles, tiennent le lecteur en haleine. On est saisi par ces Banquises, dont le pluriel dit les multiples éclatés, les dérives des solitudes, les disparitions : d’une terre, d’une personne et d’autres encore, et celle d’une civilisation.

Et comme il est dit quelque part  dans ce roman que Lisa écrit, tout donne à penser qu’elle en est l’auteure . Belle leçon d’espoir d’en déduire que la littérature pourrait donner droit de cité aux  «  enfants périphériques, méconnus » !

 

Marie jo Freixe

 

 

 

22:38 Publié dans Nos ami(e)s lisent | Commentaires (0)

Mouans-Sartoux - Le samedi 8 octobre 2011, nos ami(e)s ont présenté des auteurs à l'aquarium (1)

Dans son dernier livre, Pondichéry, à l’aurore publié aux éditions Le Passage, Aliette Armel, qui est aussi critique au Magazine Littéraire, nous conte les derniers mois de la vie de Sir Gerald Manding, un dramaturge anglais qui vient de recevoir le prix Nobel de littérature. Après la réception à Stockholm, des raisons familiales conduisent Gerald Manding en Inde où il trouvera la mort sur une plage bordant l’ashram de Pondichéry.

Aliette Armel nous a expliqué qu’elle écrivait toujours ses livres à la suite de voyages et qu’elle en préparait justement un en Inde quand elle a été invitée par le comité Nobel à accompagner J.M.G. Le Clézio en Suède, à la semaine de remise du prix. D’où l’attribution à son héros de ces deux itinéraires et expériences, comme un possible contrepoint.

Le témoin privilégié de cette vie exaltante mais mouvementée, est une jeune femme, Claire, qui vient de perdre son compagnon auquel, comme il le lui avait demandé, elle raconte tout ce qui lui arrive, sans jugement, sans chercher à se mettre en valeur. Sa disponibilité, sa modestie, lui vaudront de devenir la confidente de quelques-unes des femmes qui appartiennent au « clan » franco-anglais entourant le dramaturge. Et c’est d’une certaine manière le livre que Claire écrira à la suite de ce périple que nous donne à lire Aliette Armel. L’histoire foisonne de personnages au passé souvent lourd, traumatisant, mais le voyage en Inde pourra être l’occasion de commencer une nouvelle vie.

Aliette Armel a aussi convoqué la figure de l’écrivain anglaise Rumer Godden, dont le livre The River, qui se passe à Calcutta, fut à l’origine du film de Jean Renoir Le Fleuve (1951), tourné en Inde, avec Satyajit Ray comme assistant. C’est ainsi que naquit pour l’écrivain comme pour ses personnages de papier, le désir d’Inde.

Françoise Oriot

 

22:33 Publié dans Nos ami(e)s lisent | Commentaires (0)

Lecture d'Alain Freixe: Butor-Maccheroni-Roussel - Les temps suspendus

 Trois hommes, trois sensibilités, trois regards : le scientifique, l’artiste et le poète. Trois contemporains croisent leurs pratiques – Bertrand Roussel, directeur des collection du muse de paléontologie humaine de Terra Amata à Nice, curieux de de création contemporaine ; Henri Maccheroni dont les toiles et les photographies le montrent depuis longtemps intéressé par l’archéologie ; Michel Butor et son œuvre ouverte à tous les défis, toutes les routes – dans un beau livre fort bien publié par les éditions Mémoires Millénaires (www.memoiresmillenaires.com) . On y remonte le temps de l’âge des métaux (il y a environ 5000 ans) de la Vallée des Merveilles, au pied du Mont Bego, non loin de Casterino au jurassique supérieur (il y a près de 150 millions d’années) du plateau Saint-Barnabé, près de Coursegoules en passant par le site de Terra Amata du Paleolithique inférieur (il y a 400000 ans) à Nice.

Des millénaires de feu, d’orage, de neige, de gel, de pluie, battus à tous les vents sont ainsi pris en écharpe par ces « fouilleurs ».
J’aime que ce livre pousse ses pages à la manière de l’archéologue qui du plus récent va vers le plus enfoui : ici, de l’écriture du graveur des Merveilles à celle de la erre sur elle-même du plateau de Saint-Barnabé en passant par les traces des foyers, premiers témoins de la domestication du feu dans le monde.

C’est le même geste qui unit les trois auteurs : découvrir en enlevant, dégager, tirer hors de et porter au jour sur les rivages de la lumière l’enfoui. Ainsi Henri Maccheroni revisite-t-il d’une belle et leste manière en des lavis rehaussés les gestes des graveurs de la vallée des Merveilles.

Trois chantiers de fouilles dialoguent ici, chacun constituant ce qui reste comme objet de pensée.

Qu’est-ce qu’il reste , finalement ?

Nulle relique, ni fétiche, des dépôts tournés – merveille ! – vers un futur et non un passé, à vénérer tel quel. À trois, ils refont le paysage. Et le lecteur devient le « pays », le passant. L’éternité – pas la sempiternalité ! – peut venir s’y prendre. Les ouvrages du temps ainsi revisités l’attendent. C’est ce temps hors du temps, ce « temps suspendu » qui traverse ces restes et, passant, les font vibrer les portant plus loin, jusqu’à demain.

 

Michel Butor, Henri Maccheroni, Bertrand Roussel, Les temps suspendus, Trois regards, trois sites, Mémoires Millénaires, 26 euros

 

 

22:28 Publié dans Nos ami(e)s lisent | Commentaires (0)