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dimanche, 27 novembre 2011

Exposition Notre-Dame Auxiliatrice à la Galerie Quadrige, la Diane Française à Nice du 01 au 31 décembre 2011

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17:00 Publié dans Nos activités | Commentaires (0)

mercredi, 23 novembre 2011

Mouans-Sartoux - Le samedi 8 octobre 2011, nos ami(e)s ont présenté des auteurs à l'aquarium (3)

Après Vers Paradis, prix Goncourt du 1° roman en 2005, Une nuit à Pompéï ,2008, Alain Jaubert publie cette année Tableaux noirs.

 Ce livre est une tranche de vie. C’est l’histoire d’Antoine (Alain Jaubert nous dira qu’en fait c’est son second prénom) petit garçon né dans la seconde guerre mondiale, et que l’on va suivre jusqu’à ses onze ans, lorsqu’il s’échappe du collège-prison religieux.

 Ce roman avance par « périodes » non datées « c’est l’été », « un autre été » « il fait beau il est à nouveau chez sa grand-mère » car Alain Jaubert en fait a réuni pour composer son ouvrage des textes anciens et a travaillé le souvenir, par « flashes ». C’est le livre des petits riens, de ces petits moments qui nous façonnent, nous construisent.

C’est un livre témoignage.

 En effet l’Histoire est omniprésente : guerre, après-guerre, trente glorieuses. Mais c’est aussi la vie de et dans Paris, et d’un quartier en particulier le « triangle d’or »

  C’est le livre des apprentissages :

 Celui de la conquête des mots, de l’écriture, la lecture

 mais aussi de la découverte de la nature : sa poésie, sa violence de l’amitié du corps, de la sexualité.

C’est aussi le livre qui dit une grande admiration pour la/les femme(s)

 Car si Antoine est le « héros » de ce livre , les femmes y tiennent une place de choix :

 La mère , bien sûr, mais aussi la grand-mère et enfin Sarah et Claudette.

 Et dans cet univers des femmes Alain Jaubert prend un plaisir évident à évoquer les parfums, les voix, les corps.

Cependant l’homme n’est pas absent mais son image est ambiguë

 Elle est négative avec la présence des prêtres , et donne du coup une des significations à ce pluriel du titre

 Positive avec Coquille

Positive mais plus floue avec le père . Car c’est le père qui initie Antoine aux technologies : la radio par exemple ; mais ce père « exclu »du foyer conjugal ne s’explique pas, reste vague sur sa part de responsabilité.

 Enfin c’est un livre qui joue avec les mots, savoure les mots :

 Il y a des ruptures dues au travail de la phrase : des phrases brèves, parfois constituées d’onomatopées, des nominales, parfois absence de déterminants. Tout ceci traduisant les émotions, les interrogations d’Antoine, son incompréhension du monde .

 Ecriture de la peur, de la tension chez l’enfant.

 Mais aussi écriture des sens : le plaisir lié justement à l’éveil des sens : bien sûr les baigneuses Claudette et Sarah, mais aussi les femmes dans le salon d’essayage de la mère, encore le bonheur du petit matin sur les épaules de Coquille au bord de l’eau…..

 Il y a aussi des jeux avec les énumérations, on pourrait dire que c’est le livre du détail, des inventaires

 Mais c’est un livre qui joue avec l’écriture proprement dite : On trouve des passages en italique, réservés à la description de vieilles photos

 D’autres utilisant un corps et des interlignes plus petits quand le narrateur joue sur le temps de l’écriture et propose sa réflexion  présente

 Un récit à la troisième personne mais qui mêle le réflexions de l’enfant.

 On prend un réel plaisir à lire ce livre qui essaie de cerner comment quand on possède les mots on peut se dire, se construire, s’affirmer . Et c’est bien ce que fait le petit Antoine en franchissant les mur du collège-prison ce que traduit la dernière phrase du récit et ce n’est pas innocent si elle fait plus de 10lignes !

  Mireille Dalmasso

 

lundi, 07 novembre 2011

L'écriture ou la vie de Semprun lu par Yvette Dallemer

(C'était en ouverture de la séance de rentrée de l'atelier d'écriture de l'Avelane en septembre dernier. Yvette Dallemer nous offrait ses mots et le livre de Semprun.)


Plus que le récit poignant, d'un rescapé, d'un revenant, plus qu'un témoignage historique, plus que la réflexion d'un philosophe sur " la mémoire aux mille stratagèmes ", ( Char ), sur la mort, la vie, la cruauté et la tendresse humaine - tout cela écrit dans une langue simple et sublime, pleine d' oxymores, ce livre est un chant d'amour, un cantique des cantiques à la gloire, non de Dieu, mais de " l'Homme sous son fardeau d'humanité " (St J Perse).

Je l'ai secrètement rebaptisé " Neige et fumée sur l' Ettesberg" , la neige étant toujours dans la mémoire de Semprun une image de la mort, alors qu'elle est pour Char, à la même époque et dans l'angoisse aussi d' une lutte pour le triomphe d'une même conception du monde, un signe heureux de vie et d'espoir.

Comment vaincre la mort ? " Faire de l'art avec elle"  et l'œuvre d'art est  ici l'écriture. Elle permet à Semprun de suspendre ou de précipiter le temps à son gré, dans son texte, et dans ses souvenirs, comme un dieu. Il nous en fait part avec une fraîcheur d'âme quasi puérile. Elle lui permet aussi de faire face à sa solitude, une solitude ontologique de laquelle il subit le vertige même au plus ardent de la mêlée amoureuse ou idéologique. Char dit " Je ne suis pas seul parce que je suis abandonné, je suis seul parce que je suis seul, amande entre les parois de sa closerie ".

Ce livre est le livre d'un forcené de la vie.

Sa lecture est une étreinte et une empoignade. Je l'ai refermé désespérée par la férocité et la vanité des idéologies et pourtant délicieusement déchirée par " ce printemps inouï qui existe éparpillé parmi les saisons et jusque sous les aisselles de la mort " ( Char )

Je suis restée longtemps dans l'aporie totale avant d'écrire ces quelques lignes, consciente de ne pas en saisir toute la substantifique richesse à cause de mon ignorance profonde. Voilà pourquoi je prends la liberté de vous offrir ce livre, sûre, pour une fois, de faire bien.