mardi, 19 octobre 2010
Intervention Podio au festival du livre de Mouans Sartoux, édition 2010 (2)
À propos de MANITUANA de Wu Ming aux éditions Métailié
Wu Ming : Un nom oriental pour un collectif italien de 5 auteurs au départ, 4 actuellement ;
des écrivains actifs dans l’écriture et la littérature populaires, des auteurs de romans qui travaille en totale démocratie puisque non seulement le plan de l’ouvrage est discuté mais chaque chapitre donne lieu à une réflexion collective sur l’écriture, le rôle des personnages etc….
2 mots qui veulent dire beaucoup :
a)« anonyme » en chinois
b)mais selon le ton donné à la 1°syllabe il signifie « 5 noms »
c)mais c’est aussi le nom utilisé par les chinois qui réclament Démocratie et Liberté d’Expression et Manituana illustre cette démarche à de nombreux moments.
d)Enfin, ce serait aussi une référence à la 3°phrase du TaoTeChing « Wu ming… » « n’a pas de nom du ciel et de l’origine… »
Leurs oeuvres collectives ou personnelles sont très marquées par les problèmes du monde contemporain : guerre du Kosovo, l’Afganistan… Ce sont donc des romans qui posent les questions essentielles de notre monde.
MANITUANA
Il y a plein de trouvailles dans la mise en forme de Manituana :
la distribution en 1° page , comme au théâtre !
Les rappels historiques
La citation de Voltaire en exergue
Ce qui est intéressant dans cette démarche narrative c’est que la parole est donnée aux vaincus, les indiens, bien sûr mais aussi les vaincus de la société anglaise, les mauvais garçons.
De plus on va suivre et s’attacher à des personnages, car il n’y a pas un héros, mais plutôt des personnages phares :
**Joseph BRANT, Thayendanega
**son ami, le Grand Diable, Philip Lacroix Ranatheirhonte
**Molly BRANT, bien sûr, celle qui lit les rêves
**Esther qui va suivre sa trace
mais aussi le clan des Johnson qui poursuit l’œuvre d’alliance et d’entente menée par Sir William Johnson
De plus c’est un livre qui nous fait passer de la référence à l’Histoire , aux histoires individuelles, au monde des rêves, à la cruauté, au langage des bas-fonds.
On ne peut pas résumer un tel livre, car il s’étant sur une longue période, il es triche en événements. Mais ce qu’il faut souligner c’est l’accent mis sur la relation qui unissait Sir William Johnson, irlandais, commissaire des affaires indiennes et les chefs de la Longue Maison, c’est-à-dire les 6nations iroquoises représentées par Thayendanaga interprète et chef de guerre aux côtés des anglais.
C’était une relation de respect, de confiance et c’est cela que la guerre va détruire
Les questions soulevées par le roman sont celles liées à tout conflit :
* Quel camp choisir
- Comment arrêter l’avidité, le mépris des colons
- La cruauté qui se déchaîne des 2 côtés
- Comment permettre aux indiens de garder leurs coutumes, leur identité, leurs tere, cette terre où ils ont leurs traditions, leurs rêves ?
- Comment ne pas trahir la confiance, le respect de la parole donnée et ceci est complexe, celle des anglais vis à vis de indiens mais aussi celle du roi vis à vis des commissaires aux affaires indiennes.
Une écriture ciselée, polyphonique qui m’a beaucoup plu car elle joue sur le rythme des phrases, sur les changements de registres. Et chaque variation est liée à la personnalité du protagoniste. Il y a un souffle :
n Grande paix quand on est au début avec les indiens
n --inquiétude avec l’incursion de rêves et le problème de leur signification
n --cahot quand la guerre s’installe et se déchaîne
et la belle trouvaille de l’argot des bas-fonds londonien, (p.222 ) celui qu’Antony Burgess prête à ses voyous dans Orange Mécanique
Mireille Dalmasso
15:13 Publié dans Nos activités, Nos ami(e)s écrivent, Nos ami(e)s lisent | Commentaires (0)
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