lundi, 16 avril 2012
Rencontre/Lecture avec Yves Ughes à propos de son livre "Par les ratures du corps" (éd.de L'Amourier) à la Librairie/Galerie Arts 06 le vendredi 27 avril 2012 à 19h
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Les poètes de la Beat Generation présentés et lus par Yves Ughes et Alain Freixe à la BMVR Louis Nucera de Nice le vendredi 20 avril à 17h
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mercredi, 23 novembre 2011
Mouans-Sartoux - Le samedi 8 octobre 2011, nos ami(e)s ont présenté des auteurs à l'aquarium (3)
Après Vers Paradis, prix Goncourt du 1° roman en 2005, Une nuit à Pompéï ,2008, Alain Jaubert publie cette année Tableaux noirs.
Ce livre est une tranche de vie. C’est l’histoire d’Antoine (Alain Jaubert nous dira qu’en fait c’est son second prénom) petit garçon né dans la seconde guerre mondiale, et que l’on va suivre jusqu’à ses onze ans, lorsqu’il s’échappe du collège-prison religieux.
Ce roman avance par « périodes » non datées « c’est l’été », « un autre été » « il fait beau il est à nouveau chez sa grand-mère » car Alain Jaubert en fait a réuni pour composer son ouvrage des textes anciens et a travaillé le souvenir, par « flashes ». C’est le livre des petits riens, de ces petits moments qui nous façonnent, nous construisent.
C’est un livre témoignage.
En effet l’Histoire est omniprésente : guerre, après-guerre, trente glorieuses. Mais c’est aussi la vie de et dans Paris, et d’un quartier en particulier le « triangle d’or »
C’est le livre des apprentissages :
Celui de la conquête des mots, de l’écriture, la lecture
mais aussi de la découverte de la nature : sa poésie, sa violence de l’amitié du corps, de la sexualité.
C’est aussi le livre qui dit une grande admiration pour la/les femme(s)
Car si Antoine est le « héros » de ce livre , les femmes y tiennent une place de choix :
La mère , bien sûr, mais aussi la grand-mère et enfin Sarah et Claudette.
Et dans cet univers des femmes Alain Jaubert prend un plaisir évident à évoquer les parfums, les voix, les corps.
Cependant l’homme n’est pas absent mais son image est ambiguë
Elle est négative avec la présence des prêtres , et donne du coup une des significations à ce pluriel du titre
Positive avec Coquille
Positive mais plus floue avec le père . Car c’est le père qui initie Antoine aux technologies : la radio par exemple ; mais ce père « exclu »du foyer conjugal ne s’explique pas, reste vague sur sa part de responsabilité.
Enfin c’est un livre qui joue avec les mots, savoure les mots :
Il y a des ruptures dues au travail de la phrase : des phrases brèves, parfois constituées d’onomatopées, des nominales, parfois absence de déterminants. Tout ceci traduisant les émotions, les interrogations d’Antoine, son incompréhension du monde .
Ecriture de la peur, de la tension chez l’enfant.
Mais aussi écriture des sens : le plaisir lié justement à l’éveil des sens : bien sûr les baigneuses Claudette et Sarah, mais aussi les femmes dans le salon d’essayage de la mère, encore le bonheur du petit matin sur les épaules de Coquille au bord de l’eau…..
Il y a aussi des jeux avec les énumérations, on pourrait dire que c’est le livre du détail, des inventaires
Mais c’est un livre qui joue avec l’écriture proprement dite : On trouve des passages en italique, réservés à la description de vieilles photos
D’autres utilisant un corps et des interlignes plus petits quand le narrateur joue sur le temps de l’écriture et propose sa réflexion présente
Un récit à la troisième personne mais qui mêle le réflexions de l’enfant.
On prend un réel plaisir à lire ce livre qui essaie de cerner comment quand on possède les mots on peut se dire, se construire, s’affirmer . Et c’est bien ce que fait le petit Antoine en franchissant les mur du collège-prison ce que traduit la dernière phrase du récit et ce n’est pas innocent si elle fait plus de 10lignes !
Mireille Dalmasso
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lundi, 31 octobre 2011
Mouans-Sartoux - Le samedi 8 octobre 2011, nos ami(e)s ont présenté des auteurs à l'aquarium (2)
Belle rencontre au dernier festival de Mouans-Sartoux avec un livre et son auteure : Banquises de Valentine Gobypublié aux éditions Albin Michel; après une enfance et une adolesence grassoises, elle a parcouru le monde, écrit sur des lieux et des époques , romans, docu-fictions, pour les grands et les petits. Elle a été publiée chez Gallimard et maintenant chez Albin Michel.
Banquises raconte l’histoire d’une disparition, celle de Sarah qui en 1982 a quitté la France pour Ummanaq au Groenland. Elle est montée dans un avion qui l’emportait vers la calotte glaciaire. Sa famille ne l’a jamais revue. Elle a disparu, corps et âme. Elle avait 22 ans. Lisa, sa sœur cadette, vingt-sept ans plus tard, part sur ses traces et raconte d’abord la difficulté à se construire en marge d’un fantôme . D’autres voix se font entendre pour dire également leur douleur, si proche de la folie parfois : celle de la mère, celle du père.
Le récit saute des années 60 à 2010 et touche à des thèmes de société très contemporains qui nous concernent par leur proximité ;il nous alerte aussi sur le drame d’ une terre plus lointaine et de ses habitants, là où la banquise rétrécit, suite au réchauffement climatique A parcourir avec Lisa les derniers lieux où sa sœur se serait rendue, nous découvrons par des descriptions précises de paysages et d’activités ce grand Nord méconnu dont la lumière scintillante est peut-être celle de la vérité.
Descriptions, dialogues , monologues, variété de tons, de styles, tiennent le lecteur en haleine. On est saisi par ces Banquises, dont le pluriel dit les multiples éclatés, les dérives des solitudes, les disparitions : d’une terre, d’une personne et d’autres encore, et celle d’une civilisation.
Et comme il est dit quelque part dans ce roman que Lisa écrit, tout donne à penser qu’elle en est l’auteure . Belle leçon d’espoir d’en déduire que la littérature pourrait donner droit de cité aux « enfants périphériques, méconnus » !
Marie jo Freixe
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Mouans-Sartoux - Le samedi 8 octobre 2011, nos ami(e)s ont présenté des auteurs à l'aquarium (1)
Dans son dernier livre, Pondichéry, à l’aurore publié aux éditions Le Passage, Aliette Armel, qui est aussi critique au Magazine Littéraire, nous conte les derniers mois de la vie de Sir Gerald Manding, un dramaturge anglais qui vient de recevoir le prix Nobel de littérature. Après la réception à Stockholm, des raisons familiales conduisent Gerald Manding en Inde où il trouvera la mort sur une plage bordant l’ashram de Pondichéry.
Aliette Armel nous a expliqué qu’elle écrivait toujours ses livres à la suite de voyages et qu’elle en préparait justement un en Inde quand elle a été invitée par le comité Nobel à accompagner J.M.G. Le Clézio en Suède, à la semaine de remise du prix. D’où l’attribution à son héros de ces deux itinéraires et expériences, comme un possible contrepoint.
Le témoin privilégié de cette vie exaltante mais mouvementée, est une jeune femme, Claire, qui vient de perdre son compagnon auquel, comme il le lui avait demandé, elle raconte tout ce qui lui arrive, sans jugement, sans chercher à se mettre en valeur. Sa disponibilité, sa modestie, lui vaudront de devenir la confidente de quelques-unes des femmes qui appartiennent au « clan » franco-anglais entourant le dramaturge. Et c’est d’une certaine manière le livre que Claire écrira à la suite de ce périple que nous donne à lire Aliette Armel. L’histoire foisonne de personnages au passé souvent lourd, traumatisant, mais le voyage en Inde pourra être l’occasion de commencer une nouvelle vie.
Aliette Armel a aussi convoqué la figure de l’écrivain anglaise Rumer Godden, dont le livre The River, qui se passe à Calcutta, fut à l’origine du film de Jean Renoir Le Fleuve (1951), tourné en Inde, avec Satyajit Ray comme assistant. C’est ainsi que naquit pour l’écrivain comme pour ses personnages de papier, le désir d’Inde.
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Lecture d'Alain Freixe: Butor-Maccheroni-Roussel - Les temps suspendus
Trois hommes, trois sensibilités, trois regards : le scientifique, l’artiste et le poète. Trois contemporains croisent leurs pratiques – Bertrand Roussel, directeur des collection du muse de paléontologie humaine de Terra Amata à Nice, curieux de de création contemporaine ; Henri Maccheroni dont les toiles et les photographies le montrent depuis longtemps intéressé par l’archéologie ; Michel Butor et son œuvre ouverte à tous les défis, toutes les routes – dans un beau livre fort bien publié par les éditions Mémoires Millénaires (www.memoiresmillenaires.com) . On y remonte le temps de l’âge des métaux (il y a environ 5000 ans) de la Vallée des Merveilles, au pied du Mont Bego, non loin de Casterino au jurassique supérieur (il y a près de 150 millions d’années) du plateau Saint-Barnabé, près de Coursegoules en passant par le site de Terra Amata du Paleolithique inférieur (il y a 400000 ans) à Nice.
Des millénaires de feu, d’orage, de neige, de gel, de pluie, battus à tous les vents sont ainsi pris en écharpe par ces « fouilleurs ».
J’aime que ce livre pousse ses pages à la manière de l’archéologue qui du plus récent va vers le plus enfoui : ici, de l’écriture du graveur des Merveilles à celle de la erre sur elle-même du plateau de Saint-Barnabé en passant par les traces des foyers, premiers témoins de la domestication du feu dans le monde.
C’est le même geste qui unit les trois auteurs : découvrir en enlevant, dégager, tirer hors de et porter au jour sur les rivages de la lumière l’enfoui. Ainsi Henri Maccheroni revisite-t-il d’une belle et leste manière en des lavis rehaussés les gestes des graveurs de la vallée des Merveilles.
Trois chantiers de fouilles dialoguent ici, chacun constituant ce qui reste comme objet de pensée.
Qu’est-ce qu’il reste , finalement ?
Nulle relique, ni fétiche, des dépôts tournés – merveille ! – vers un futur et non un passé, à vénérer tel quel. À trois, ils refont le paysage. Et le lecteur devient le « pays », le passant. L’éternité – pas la sempiternalité ! – peut venir s’y prendre. Les ouvrages du temps ainsi revisités l’attendent. C’est ce temps hors du temps, ce « temps suspendu » qui traverse ces restes et, passant, les font vibrer les portant plus loin, jusqu’à demain.
Michel Butor, Henri Maccheroni, Bertrand Roussel, Les temps suspendus, Trois regards, trois sites, Mémoires Millénaires, 26 euros
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lundi, 20 juin 2011
Alain Freixe - Revue Faire part, N°24/25 - Parcours singuliers
Jusqu’à ce numéro double 24/25, les numéros de la revue faire part étaient des monographies. On se souvient parmi les dernières publications des N°22/23 consacré à Henri Meschonnic ; le 20/21, à Jacques Dupin ; le 18/19, à Hubert Lucot et le 16/17 tout entier dédié à revisiter l’aventure de la revue Change des années 70/80. On se souvient surement aussi des couvertures toujours particulièrement soignées et confiées à un artiste contemporain : Joël Leick, Antoni Tapiès, christian Sorg ou encore Gérard Titus-Carmel pour les dernières livraisons. On cherchera chez quelques bouquinistes ou sur internet parmi les numéros épuisés ceux sur Christian Prigent (N°14/15) ou Bernard Noël (N°12/13) ou Philippe Jaccottet (N°8/9) ou encore Michel Butor (N°4).
Nos amis Alain Chanéac, Alain Coste, Christian Arthaud, Jean-Gabriel Cosculluela innovent avec ce N°24/25 puisqu’ils inscrivent quatre poètes à son fronton - Jean-Marc baillieu ; Patrick Beurard-Valdoye ; Nicolas Pesques ; Caroline Sagot Duvauroux – intitulé Parcours singuliers. Quatre poètes et pour chacun un entretien, des approches critiques et des textes. Toujours, la proportion est heureuse .
Multiple est la singularité du sujet comme divers les chemins ouverts par chacune de ces écritures. Leur hétérogénéité, les choix de langue de ces quatre poètes s’il détermine bien des croisements, il interdit en revanche tout commun, toute communauté autre que celle d’être quatre aventures littéraires, soit être sur les routes d’une création attentive aux formes de saisie du réel de notre temps toujours hors de lui.
Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas là de représentants de courants ou de tendances de la poésie française contemporaine mais de quatre voix ou mieux de quatre espaces de voix. Quatre territoires de langue. Il faut aller y voir. Là s’invente la littérature !
Ce numéro de faire part est un belvédère. Depuis ses pages, passionnante est la vue !
Revue faire part, 8 chemin des teinturiers7160 Le Cheylard. Prix du N°24/25 : 25 euros
Site de la revue : http://perso.orange.fr/revue.faire.part/
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mercredi, 11 mai 2011
Rencontre lecture avec Alain Freixe et Raphaël Monticelli à la BMVR louis Nucera de Nice le samedi 14 mai 2011 à 15h
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vendredi, 04 mars 2011
Podio à la Médiathèque de Mouan-Sartoux le 11 mars 2011 à 20h
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vendredi, 28 janvier 2011
Serge Pey - L'Internationale du rythme - éditions Dumerchez - Lecture d'Yves Ughes
Il est des notes impossibles à écrire et que l’on doit faire pourtant, impérativement, car les textes éblouissent.
Mais comment dire l’éblouissement ?
Le livre consacré à Serge Pey et l’internationale du rythme, publié sous la direction d'Andréas Pfersmann, donne le tournis ; scandé, lancinant, fulgurant, jouant sur des accélérations et des instants de calme approfondissement il se bâtit à l’image de celui qui donne la parole aux bâtons, qui hâte la venue de la pluie et fait surgir le soleil. Une pluie de comètes dans la nuit des temps. Que le titre souligne.
L’Atelier des Brisants nous donne ici une leçon de vie, l’ouvrage fait cinq cents pages, et c’est de vitalité poétique qu’il s’agit.
Quelque soixante-quatre contributions s’appellent et se répondent pour laisser une trace lumineuse dans le ciel. A chacun de la lire, comme fulgurance. Car Serge Pey appelle d’emblée une réaction-manifeste : pas de statue pour le poète.
Tout chroniqueur ne peut qu’être confondu par la beauté des titres suscités par l’homme che impugnava un bastone…et qui se livre avec force –lo sforzo fisico- dans la mise en corps de la poésie. Tous les articles convergent pour dire ce claquement d’homme qui déchire le silence compassé du monde établi. Comment dès lors en privilégier certains et en taire d’autres ?
La note est décidément impossible.
Sauf, à prendre les grandes étapes du recueil et à procéder en descente, en spirale vers les horizons ouverts.
Esquisses et portraits de Serge Pey. Halte 1. Fraternité. Halte II. Théorie du poème. Halte III. Le guerrier du sens : éthique et politique du poème. Halte IV. La parole des bâtons. Halte V. Poésie d’action ou « mise en rite du rythme ». Halte VI.
Chacune de ces scansions est ponctuée par des textes de Serge Pey. Deux incursions permettent d’entrer dans le livre et de suivre les rayons d’un soleil qui bascule du XX au XXIème siècle dans une pulsation déclenchée, dans une transe radieuse.
Il faut lire « la porte et la table » comme un mode d’entrée dans ce monde. Parfois en ce temps-là, les animaux remplaçaient les hommes pour crier. Prend corps ici un monde de Gardes civils, de mue de serpent, de grève, mais aussi de raisin et de couteau. Plus d’invités que prévu ? Qu’importe, la porte verticale –faite à grand peine et avec grand soin- va devenir table horizontale, lieu d’accueil. De l’événement intensément vécu, du partage fraternel et militant mis en place autour des plats, naît un mode de poésie :
Ce trou dans la maison, durant toute une journée, est resté en moi comme la preuve d’un avenir qui accouche.
Pour manger ce que nous avions à dire ou pour écouter l’inconnu, il faut savoir ouvrir le monde.
Ce n’est pas les mots ni les choses qui firent de moi un homme, mais les trous.
On n’écrit pas de la poésie, on vit en poésie.
Et il faut entendre la gueulante poussée par Serge contre la dispersion quand « les avida-dollars et les roteurs d’euros se sont donnés rendez-vous à Drouot pour la vente de l’invendable ». Il s’agit bien sûr des objets agencés par André Breton en poème. Vendre ces objets qui sont les mots d’un Grand-Œuvre participe du génocide de la poésie.
Poème de bâton brandi, animé par la rage de traverser ce monde prédateur, qui accumule ses richesses pour se gaver de certitudes, ce monde toujours prompt à dynamiter toute parole qui le dérange.
Sur la tombe de l’amour fou, il ne nous reste que nos poèmes pour faire basculer le monde du côté de la plus haute clairvoyance.
Ce qu’il faut d’humanité pour entrer dans la scansion du monde, ce qu’il faut de puissance pour entrer dans le rythme de la fraternité…tout dans cette approche du poète donne à l’entendre. Et le CD accompagnant le livre donne de la vie, de la voie à la richesse des mots qui constituent cet ensemble fertile.
Puisse une note impossible appeler à ce partage.
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