Podio

Nous étions 23, des copains retrouvés, mais aussi des visages nouveaux, ce vendredi 24 mai à 18h30 autour de Daniel Schmitt et Alain Freixe au centre Harjès.

Belle soirée où portés par les voix de nos amis nous avons (re)découvert Joë Bousquet et Blaise Cendrars ces écloppés de la guerre qui ont donné à l'écriture la force de dire leur complexité, leur désir de vivre, chacun avec sa marque . Et nous avons voyagé d'un univers à l'autre avec bonheur et émotion.

Nous étions aussi très heureux de nous retrouver à Grasse.

La prochaine lecture réunira les voix d'Alain Freixe et Yves Ughes sur le thème de la Beat Generation le 8 novembre 2013 à 18h30.

Alain Freixe est auteur de nombreux livres d’artistes, d’entretiens avec des écrivains et poètes, tels que Yves, Bonnefoy, Michel Butor, Bernard Noël... Il est vice-président du Centre Joë Bousquet et son temps, Maison des mémoires, Carcassonne.

Il fait partie des comités de rédaction de la revue Friches  - il y réalise des compte-rendus de lectures -  et des éditions L’Amourier où il a publié notamment Comme des pas qui s’éloignent, Avant la nuit, Dans les ramas… éditions où il dirige la gazette Le Basilic.  Il édite Les Cahiers du Museur, collection où il met en correspondance plasticiens et poètes. Il est également le créateur du blog lapoesieetsesentours.blogspirit.com/.

Alain Freixe est un arpenteur de la terre, pour en dévoiler la permanence et la fragilité, et peut-être se dévoiler. « Tu marches./Tu marches. Encore. Ce n’est plus très loin. (…)./ Il réfléchit le vent. Ses souffles qui passent et se perdent dans toute cette lumière que tes enjambées ont levée. Contre le bleu. Sa féroce innocence. » (Avant la nuit) Il éprouve le temps dans l’espace du chemin tracé. Il est l’auteur d’une poésie en marche, à l’écriture soutenue, l’allure en quelque sorte, « Une route. Un homme. Des arbres. Et sous le vent, des nuages d’équinoxe. Leurs tourbillons sont blancs dans la lumière mûre. » (Dans les ramas) où la méditation sur le pas accompli vient éclairer son chemin à la fois d’écriture, de pensée, d’engagement, de vie. 

Alain Freixe lira ses poèmes et sera accompagné par Thérèse Canet qui lira un choix de poèmes de René Char (Théâtre d'Aurillac, entrée libre).

Mauvais temps sur la culture – malgré les ambiguités du mot, il nous faut l’utiliser encore comme ce dont les œuvres nous ouvrent à toute altérité – et tout particulièrement sur la poésie qui reste pourtant ce « foyer de résistance de la langue vivante contre la langue consommée, réduite, univoque » selon Bernard Noël.

 Et peut-être pour cela même ?

 Evoquons les nuages : D’abord, l’affaire de la commission Poésie du CNL que l’on envisageait de dissoudre dans une commission fourre-tout et la reculade de notre ministre de la culture fin juin. Nous attendons réunions, propositions, décisions…Ensuite, la baisse de fait de 60000 euros de la subvention que le ministère de l’Education Nationale accordait à l’association du Printemps des poètes. Enfin, la question de la nomination de la Maison de la Poésie à Paris (fondée en 1982 par Pierre Seghers et Pierre Emmanuel) qui changerait de nom…Rajoutons à cela la baisse des subventions que la ville de Marseille accordait au CIPM et à toutes celles qu’ici et là j’ignore,  la suppression ou le non-renouvellement – les effets sont identiques ! – pour la troisième année consécutive des subventions que la Drac et le Conseil régional PACA octroyaient  à l’association des Amis de l’Amourier que je préside !

Oui, l’unité poétique du milieu poétique, celles de toutes ses composantes, (et à l’approche de Michel Deguy, Patrick Beurard-Valdoye a raison d’ajouter tout ce qui tourne autour de la poésie orale – voir sur Sitaudis.com)  est nécessaire pour éteindre tous ces mauvais feux !

Un premier vient s'étouffer: Philippe Beck, poète, vient d'être nommé à la tête de la commission poésie du Centre National des Lettres. Elle ne sera pas dissoute dans le fourre-tout littéraire imaginé en mai-juin.

Pour terminer et en hommage à Jacques Dupin, mort ce 27 octobre dernier, ces mots à propos de la voix de la poésie : « à fleur de terre ou sortant du puits, (elle) désigne le chemin de la vérité et de la vie. Elle est imprégnée d'enfance et de la révolte de ses aînés. Mais surtout, et c'est l'essentiel...surtout elle porte la langue. La langue la tient et se transforme par les anneaux de ses enchevêtrements ambigus et de ses élans imprévisibles. La poésie n'est pas le conservatoire de la langue mais tout au contraire le creuset de son renouvellement infini. »